Un week-end dans le LOT ou comment l’expression « fontaine je ne boirai pas de ton eau » s’avère inappropriée.
Vous prenez un 806 qui a déjà connu un remplissage avec 4 plongeurs et leur matériel recycleur+ trimix pour une semaine de plongée sur épave l’été dernier. Il était bien plein.
Et bien pour ce projet de plongée souterraine dans le Lot, avec 3 plongeurs seulement plus Christian qui a pris sa voiture avec les réserves d’O2, d’air et d’air pour le booster, il eu été difficile de caser une carte à jouer en plus ! Ces 3 jours se sont passés dans une cadence infernale. Lever 7 h, voire 6h 30, chargement, transfert sur site, déménagement au bord de l’eau, préparation et échec multiples, habillage, tractage des matériels le long du plan d’eau pour enfin se trouver dans l’eau. Puis sens inverse et on recommence l’après midi avant d’entamer les préparatifs du lendemain et les réparations du jour. La première nuit s’est passée sans ronflements, on ne peut pas dire que la deuxième a été de la même teneur ! Il y a des moments ou l’on regrette de ne pas avoir choisi la section ping-pong. Mais une fois dans l’eau…
Le Gîte ( La Gardelle Brigitte Dressel, à Marcilhac/Célé) est une adresse à retenir pour 4 à 6 tant pour
le charme du logement que la qualité et la profusion de la table et du panier pique-nique, le tout pour un budget des plus raisonnable.
Revenons à nos plongées. Nous avions deux baptêmes (Daniel et Jean-Marc) qui forts d’une expérience sous glace, de pénétration d’épaves ou de saines lectures abordaient cette nouvelle expérience avec une appréhension toute compréhensible.
Nos conseils –ne pas perdre le fil d’Ariane, surveiller l’essoufflement et ses paramètres – bien qu’utiles ont du en rajouter une couche !
On démarre par la Rolls. L’émergence du Ressel . Cette rivière souterraine donne dans le fond du Célé, affluent du Lot. Facile à trouver, c’est le seul endroit du coin où le parking est plein !
Peu d’eau et le la profondeur fait parfois 20 cm ce qui ne facilite pas le portage. Checks sereins et enfin immersion. On suit le fil depuis la surface avec la main car la visibilité est d’au moins 20 cm mais guère plus. Il n’y a pas que moi qui sache touiller !
Objectif 30 minutes et on revient. La vitesse de progression n’a pas d’importance, vous le ferez comme vous le sentez. 15 m/minute est la mesure que l’on retient pour les calculs avec une charge modérée à faible. Avec notre recycleur plus 2 ponies, nous ne sommes pas dans le léger.
Après une vingtaine de mètres, la visibilité passe à 4 m mais l’eau reste chargée. J’allume plein phare
La clarté aide et la visibilité s’améliore avec la progression.
Pas de concrétion mais une roche taillée à coup de gouge, des marmites et de gros blocs rectangulaires tombés du plafond entre lesquels nous slalomons. Jean Marc est devant moi et progresse régulièrement sans oublier ses checks. Quelques passages où ça racle sans qu’on puisse parler d’étroiture. A 200 m, premier carrefour et l’eau devient cristalline et le calcaire blanc reflète nos lampes. Des jeux de lumière fabuleux. Un conseil au passage, penser à emmener un éclairage suffisamment puissant pour bien en profiter (150 W équivalent halogène). On vole littéralement. Les 30 minutes sont atteintes au puits 2 à la cote de 380 m. Chapeau pour un baptême…
Retour tranquille en profitant du paysage et sortie sans voir le halo de lumière naturelle qui d’habitude marque la sortie, du fait de la touille et de la nuit qui arrive.
En sortant, nous rencontrons d’autres plongeurs habitués de Bécon avec qui nous faisons le point sur l’état d’autres cavités. Le monde est petit.
Après débriefing, le constat est clair : pas de sentiment d’oppression due au plafond. C’est comme pour une plongée profonde et là nous avons ceinture et bretelle(s)- au pluriel j’insiste- en terme de redondance. Diner gastro et Zu Bett (La logeuse est d’origine Allemande).
On remet la même le lendemain avec pour objectif le puits 4 dont la photo est sur le net et qui avec un diamètre de 8 m conduit de 28 à 45 m. Pénétration 450 m. Nos deux palanquées partent avec quelques minutes d’écart, réussissent à prendre des chemins différents, à se croiser à un moment.
On y a la confirmation de la nécessité des plans clairs et on découvre aussi l’intérêt que présentent au moins deux sources d’éclairage puissantes.
Décision de refaire la même le lendemain en ne se quittant pas.
L’après midi, immersion à Cabouy. La vasque est chargée de fluorescéine qui donne un vert menthe à l’eau bien chargé. Immersion dans la touille avec les phares qui ressemblent à des épées Laser. Contrairement à ce qui avait été annoncé le vert se poursuit en profondeur tout en diminuant.
Après un talus de sable pour la descente avec un point bas à -30 m, la galerie est large et claire, sans alluvion au sol, la visibilité est de 10 m mais l’eau reste chargée. A la sortie, perte de palme en se déshabillant avec recherche dans le diabolo (menthe)- des gamins qui pataugent !
Le lendemain les impératifs horaires nous font lever à 6 h30. La mise à l’eau est à 8H30. Le parking est vide. Il sera plein à notre retour (Belges, Italiens, Suisses et Français)
Atteinte de la cote 400 en 25 minutes. Les puits 3 et 4 avec 4 sources d’éclairage sont fantastiques.
L’eau invisible ! Remontée en douceur avec agglutinement de ceux qui utilisent des VR3. Sur le retour, je montre à Daniel une étroiture qui permet de rejoindre l’autre chemin. Il s’avance pour voir et je le retiens vertement par la palme, craignant qu’il ne s’y engage ! Rires à la sortie.
Puis émersion et cadence infernale pour le retour. On a en fait pas une minute à soi et paradoxalement le temps n’est suspendu que dans l’eau où pourtant le compteur tourne. Les recycleurs y sont vraiment un plus.
Merci au club pour le prêt du matériel qui nous a permis cette expédition et ces 4 plongées.
Et pour les appréhensions du départ et l’engagement de ne pas recommencer, et bien c’est loupé !
Rendez vous à la prochaine.
JP Dutilleul avec C Capelli, D Labrell et JM Vintrin
Quelques photos et vidéos
Photos du puits 4