Epaves de la Manche

La Channel wrecks expedition  organisée par le club Emeraude de Saint Malo s’est tenue du 19 au 25 juillet. Y participaient C Capelli et JP Dutilleul. Onze recycleux se sont retrouvés ainsi pour une semaine de plongées en milieu de Manche avec départ de Cherbourg, logement B&B à Weymouth, et transferts quotidiens sur les lieux de plongée, situés à plusieurs dizaines de miles au large. Un regard sur la carte et l’on est tout simplement frappé par le nombre d’épaves de la zone. Pratiquement une pour chaque mile parcouru dans chacune des directions cardinales. Les épaves que nous visions sont peu plongées car souvent proches des « rails » réservés aux cargos, profondes et demandant un temps d’approche assez long mais la visibilité devait y être bonne. Ainsi nous allons effectuer une plongée par jour de 1h30 à 2h30 entre 50 et 70 m  à partir de notre catamaran de 11 m bien adapté à l’exercice et disposant d’un ascenseur à plongeur. Cet appareil est génial. Il est facile de se placer sur la plateforme encore immergée et d’un signe indiquer à l’opérateur la remontée possible. On se demande immédiatement quel est le  bout qui nous tient accroché au fond et qui nous empêche de remonter. Ce n’est que le dur rappel de la gravitation qui se fait sentir. Il nous reste à regagner notre banc avec la démarche alerte du pingouin que nous connaissons avec le recycleur et deux S40 ou 10L de secours individuel.

 

Nous plongerons successivement sur l’Illinois- pétrolier coulé en 1917-


l’ Avalanche, voilier coulé en 1877 où la visibilité nulle a réduit le temps global à 30 minutes,

 

le Merchant Royal, gros cargo coulé à la suite d’une collision en 1946

 
 

l’épave inconnue d’un voilier en bois caractérisé par la forêt de clous en cuivre qui surgissaient du fond et qui de leur bleu turquoise donnaient une ambiance tout à fait originale dans une eau sombre mais claire



le Warrior II, yacht de luxe avec sa piscine, réquisitionné et torpillé en 1940



Le Meknes, paquebot torpillé le 24 juillet 1940, donc après l’armistice, avec à son bord plus de 400 soldats français. Nous y déposerons d’ailleurs une plaque à l’occasion de ce cinquantenaire. Les images filmées seront probablement reprises par Thalassa sur FR3 à l’automne.



Enfin le Pangani, voilier chargé de poteries, sister-ship de l’actuel Kruzenshtern, navire école de la marine Russe, victime d’une collision en 1913. Pour éviter le même sort, nous y renoncerons compte tenu du brouillard qui s’est levé sur cette zone infestée de cargos.

Le tout est bien sûr garni de homards, crabes, étrilles, congres, tacaux, juliennes énormes, roussette… 

A signaler quelques moments forts : la découvert de la superficie de nos chambres : moins de 6 m² pour deux avec douche et lavabo ! Nous avons vite émigré pour occuper à deux une suite pour 4 de 15 m², sans fenêtre. La douche dans laquelle j’avais du mal à se retourner procurait une douce humidité ne permettant pas de faire sécher grand-chose. Je retrouvai d’ailleurs mon Christian devant la glace du lavabo le lendemain, se pinçant les délicats bourrelets sur un flan, sous une omoplate et sous un bras et me demandant, à moi !, si cela était normal.  Je ne puis que lui répondre par l’affirmative ! Il suspecta cependant un emphysème des tissus adipeux sans douleur avec une petite fatigue ce qui l’incita à un peu de repos sans plongée et à passer sa concentration d’hélium de 60% à 33% avec des conservatismes de 40 sur VR3.
L’étalement de toutes nos affaires mouillées sur les quais de la marina pour yacht -avec code pour rentrer sur les pontons s’il vous plait-, les transformant  en un instant en succursales Napolitaines a du surprendre plus d’un Anglais : shocking, damned Frenchies ! La tête de notre hôtesse quand nous lui avons ramené le fruit de nos ramassages de crabes et homards sera également à inscrire dans les annales. Des bestiaux de plus de 4 kg… Nous lui avons expliqué que contrairement à la coutume anglaise où la cuisinière pré-décortique tout, il suffisait de 5 mn dans l’eau bouillante et que nous nous chargerions ensuite du reste. Ouf ! A noter que le combat fut parfois rude pour les attraper et l’un des artisans majeur de cette chasse souffrit d’un bend à l’épaule le soir même, repos le lendemain.
  Je souhaiterai ne pas m’étendre sur l’épisode peu glorieux qui accompagna la deuxième plongée d’un jour destinée à ramasser sur 20 m de fond de sable des coquilles Saint-Jacques pour la ventrée du soir. Après une check- list rapide et plus préoccupé par la gestion de mon cabas que par la difficulté de la plongée, je sautais à l’eau d’un air gaillard et serein à la fois. L’aventure s’arrêta immédiatement par l’entrée d’eau dans la combinaison étanche restée ouverte ! Bonjour  la remontée même avec l’ascenseur, le vidage allongé sur le pont avec les jambes en l’air,  le rinçage et le séchage qui suivirent. Ce dernier se termina le lendemain sur la bête ! Penilex et couches ont alimenté quelques conversations, voire incités des achats dans les boutiques locales.
L’argon amène un réel confort au-delà de 90 mn dans l’eau même entre 15 et 18°c. A signaler au passage que nous n’avons jamais souffert de la chaleur ! La nourriture fut copieuse mais anglaise, les vins d’origines du monde entier, le plus décevant étant français. Les saucisses du breakfast sont toujours aussi grasses et appréciées.  On y prend quand même 1 à 2 kg malgré les heures passées en déco dans l’eau à 15 °C.
Pas d’incident notable sur les machines sauf quelques petits soucis de corrosion sur les ressorts de contacts des batteries qui déclenchent des « LOW BAT » prématurés et génère des changements de batteries à tord, nettoyages scrupuleux et délicats et tout rentre dans l’ordre mais reste à surveiller, attention à l’eau salée et aux changements de piles.
Belle mer et soleil pour cette semaine en Angleterre sauf le dernier jour avec de la brume au beau milieu du Channel entre le rail montant et le descendant…
Liens (allez surfer…)
* Skindeepdiving avec son skipper Ian Taylor plongeur Tx pour le début de semaine et donc bien averti (on notera que sur nos côtes peu d’opportunités existent pour aller plonger à 25, 30 miles) et la Margaret’s house pour le B&B
http://www.divingweymouth.com/mainpages/home.html

(Les photos sont issues de différents sites internet)